Aujourd’hui, on voit des coeurs partout : c’est devenu un motif commercial surexploité et banalisé. Pourtant il a fallu des siècles, ou plutôt des millénaires, pour que cette icône s’impose comme un symbole universel. Comment le coeur est-il devenu le symbole de l’amour ?
Avant d’être associé à l’amour, le coeur humain symbolisait le centre de l’être, le siège de son intelligence. Dès l’Antiquité les religions lui ont accordé une place essentielle. Dans la religion égyptienne par exemple, c’était la coutume de placer une amulette appelée “scarabée de coeur” sur la poitrine du mort. On avait auparavant pris soin de graver dessus une formule censée empêcher le coeur de témoigner contre le défunt au tribunal d’Osiris.
On retrouve cette idée dans la tradition hébraïque : évoqué dans l’Ancien testament, il désigne l’organe caché de l’homme, celui au sein duquel ses intentions les plus intimes peuvent trouver refuge. Dans la tradition islamique également, le coeur, constitué de plusieurs enveloppes protectrices, est l’organe de la contemplation et de la vie spirituelle.
Dans l’iconographie chrétienne, le coeur blessé mais rayonnant du Christ est ceint d’une couronne d’épines et surmonté d’une croix qui sort de l’aorte tranchée. Il représente le sacrifice de Jésus et l’eucharistie : il s’agit du “sacré coeur” qui a contribué à populariser cette icône du 17ème au 19ème siècle.
C’est au moyen-âge que le coeur a trouvé son image romantique et sa forme ronde aux lignes épurées que nous connaissons aujourd’hui. La “fin’amor” ou amour courtois est exalté à partir du 12ème siècle par les troubadours. On voit alors apparaître cette forme de triangle inversé aux formes simplifiées. Les manuscrits enluminés en fournissent de nombreux exemples. Ci-dessous, des illustrations issues du Roman d’Alexandre, 1344.
Depuis, les artistes de toutes les époques se sont saisis du coeur et lui ont fait subir moult traitements. Il est encore aujourd’hui une grande source d’inspiration pour les artistes contemporains comme en témoignait une belle exposition au musée de la vie romantique en 2020 : “Coeurs. Du romantisme dans l’art contemporain”
Pour ma part, le coeur “pseudo” anatomique a mes préférences. J’aime l’associer à des broderies, des perles, des fleurs séchées dans un esprit “reliquaire” revisité. Certaines des oeuvres ci-dessous sont en vente sur ma boutique en ligne. Cliquez ici : clic.